Une fois de plus je cours le poignard à la main. Tout à l'heure, alors que j'étais caché derrière un arbre et regardais si la voie était libre j'ai remarqué une ombre filer devant moi. J'ai cru rêver mais dans les secondes qui ont suivies l’évènement s'est reproduit plusieurs fois. Plus je découvre ce monde et plus je me dis que j'ai encore bien des choses à apprendre ici. J'ai poursuivis ma route mais j'avais l'impression que je n'arriverais jamais à ressortir d'ici d'aussi tôt si je ne songeais pas à faire très vite demi-tour. Alors je me suis retourné mais me suis bien vite remis à marcher dans mon premier sens en découvrant des dizaines de paires d'oeils rouges briller sous l'ombre de buissons. La forêt est sombre, surtout si tôt le matin. Il doit être trois heures ou quelque chose comme ça. Je continu donc ma route vers l'inconnu avec le sentiment d'être épié, ici rien ne m'est familier. Je finirai bien par m'y habituer, comme j'ai déjà dû le faire auparavant. A mes yeux Nahadra est une ville des plus belles que j'ai vu jusque là, à croire que les Humanimaux ont plus de talent que les Hommes. Mais cela n'empêche pas que je me fasse chier les journées. La guerre à la frontière fini, les humains tous retournés là où ils doivent être, je n'ai plus rien à foutre de mes journées. Je pourrais très bien essayer de retrouver mon petit frère Dean et sa chérie au Mexphol mais le jour où l'un de nous pourra franchir la frontière sans avoir de problème les poules auront des dents. Enfin, je veux dire... Des vraies poules. A moins que je la passe avec mon ancienne carte disant que je suis humain... ouai, pas con. Je verrai ça lorsque j'aurai les moyens de m'acheter une nouvelle caisse pour y aller. La guerre ne m'a apporté que de mauvaises choses dans la vie, la séparation avec mon frère et l'une des pires de toutes. Elle m'a laissé aussi un bons nombres de mauvais souvenirs aussi, surtout intérieurement. Aujourd'hui encore je porte un bandage autour de ma taille à cause de certaines blessures pas encore refermées. Aussi non au bout de deux semaines toutes mes plaies autres que sur ma taille sont pratiquement toutes soignées. Je me demande où se trouve mon frère en ce moment, s'il lui arrive de penser à moi, s'il est heureux au non avec sa petite amie. Je poursuis ma route en continuant de penser à lui lorsque j'entends du bruit derrière moi. Je me retourne, mais rien. Alors je cours. Je m'enfonce toujours plus dans la forêt avec l'espoir de semer ces je-ne-sais-quoi qui ne me lâchaient plus d'une semelle. Seulement quelques minutes plus tard plus rien ne me suis mais je remarque des hautes herbes bouger devant moi. Je me vois prêt à attaquer, mais plus rien ne bouge. Je m'introduis dedans le plus doucement possible, le poignard toujours en main. Une tache noir se dessine de plus en plus entre les végétaux. Je les écarte discrètement, m’apprête à sauter sur l''éventuelle bête. Puis je baisse mon arme... En fait, rien à voir avec une bête ou une créature qui m'est inconnue cette fois-ci puisque c'est une femme qui se dresse juste devant moi. Les Hommes de la guerre avaient donc tords lorsqu'ils nous racontaient que tous les humanimaux étaient d'une laideur inimaginable... rien que moi j'étais une exception à la règle sans le savoir...! Je m'excuse au près d'elle et en profite pour me présenter et lui demander à son tour comment elle s'appelle.

« Non, je suis arrivé il y a un peu plus de deux semaines, je découvre. »

Enfin, là je suis plus paumé que tout le reste...
Tout à l'heure je l'ai vu regarder indiscrètement les marques sur mon bras et ai remarqué les siennes sur les siens. Drew, un gars de la guerre m'avait pourtant dit que la frontière était loin de Nahadra et que peu de personnes ici avaient connaissance de ce qu'il se passait là-haut, ça m'étonnerait donc qu'elle y ai participé. Il faudra que je pense à lui demander tout à l'heure comment elle s'est fait ça, histoire de parler. A moins que ce soit cet endroit qui ne soit finalement pas si paisible qu'on a pu me le dire.
Je tourne la tête vers certains arbres dansants de droite à gauche, le vent vient de se lever. Je regarde les feuilles de ceux-ci tomber toutes unes à unes et voler toutes dans la même direction. Les arbres font germer de nouvelles feuilles rouges qui changent de couleur comme il y a une heure de cela. Du rouge elles passent au orange pour s'illuminer de jaune. La forêt parait déjà un peu plus claire avec le peu de lumière qu'elles dégagent. Je ne sais pas combien de temps elles vont tenir ainsi cette fois, mais qu'importe qu'elle ne dure pas si longtemps que ça, même si comme cela elles nous aide en quelque sorte à mieux voir les regarder tomber puis renaître me donne des frissons. Non parce que j'ai peur, loin de là, mais tellement c'est beau, voire magique. Dans un sens je me sens un peu con, après tout, tous les humanimaux de mon âge doivent ne plus porter grand intérêt à cet évènement, mais là où je vivais toutes plantes avaient une couleurs bien à elles et ne changeaient pas, l'herbe était verte et jaunissait au fur et à mesure des saisons mais elle n'était surement pas bleue, rouge, rose, et j'en passe. Je détourne de nouveau mon attention vers Arianne après avoir plissé les yeux et secouer légèrement la tête pour me sortir de mes rêveries.

« Tu connais la sortie ?, lui demandais-je en souriant. »

Ouai, je dois avouer que mon idée d'entrer dans la forêt était bien belle, mais reste encore à y en ressortir.